Zibou
Messages : 15 Ventes Annuelles : 5858 Date d'inscription : 04/10/2009 Age : 29
Biographie Niveau d'écriture: (200/200)
| Sujet: Points de vue. Dim 15 Nov - 1:01 | |
| Bonjour ! Ca fait un petit bout de temps que j'ai rien posté, et pour causes : j'écris pas grand chose x) Enfin, j'ai eu une rédaction a faire. Raconter une histoire simple : Un homme se rend dans une gare pour un voyage d'affaires, il achete le journal, une canette, et on annonce une grève subite. Il fallait raconter cela selon les 3 points de vues ( omniscient, interne & externe ) Donc voilà, je voudrais votre avis =D - Spoiler:
Point de vue omniscient :
06 : 32. L’heure apparaissait clairement sur le cadran en or hors de prix. Victor Dresmann s’enfouit encore plus profondément dans son grand manteau marron, dont les pans lui battaient les flans, agités par ce vent matinal de novembre. Il accéléra encore l’allure lorsqu’il aperçut enfin la grande gare de Lyon. Sa prise se resserra sur la poignée de la petite mallette noire, et il s’engouffra dans la grande entrée austère. Le hall était encore désert à cette heure. Son billet à peine validé, il entreprit sa longue déambulation sur le quai, sensée dissiper son trac. On aurait presque pu voir son front perler de sueur. Son appréhension s’accentua encore plus à la vue des trains : d’énormes corps sombres et sinueux. Victor déglutit avec peine, et détourna de force le regard vers le kiosque à journaux. Il détestait les trains. L’homme dirigea sa haute carrure vers le commerçant, tout en farfouillant dans son ample poche. Quelques minutes plus tard, il était installé sur un de ces bancs caoutchouteux, une canette d’Orangina dans la main, le nouveau tirage du journal local dans l’autre. Il se plongea dans les nouvelles du jour, sa bouche agitée d’un léger tic nerveux. Car malgré tous ses efforts, ses pensées restaient accaparées sur cet important voyage d’affaires. RIEN ni personne ne devaient le perturber. C’était crucial pour la suite de sa carrière ; un simple détail pouvait tout faire basculer et ruiner tout son travail. Mais il voulait ce poste, et il l’aurait, c’était certain, il avait tout fait pour. Une bouffée d’assurance le rassura, et il finit sa boisson d’une traite, en prenant bien soin de ne pas tourner le regard vers les trains alignés sur les rails. Il se leva, abandonnant son journal et se dirigea, d’un pas tout de même légèrement chancelant, vers son compartiment. Les haut-parleurs choisirent ce moment pour se manifester. Victor s’arrêta, l’oreille aux aguets, un mauvais pressentiment lui enserrant la poitrine. Il ne supportait pas les contretemps. - En raison d’une grève subite, plusieurs trajets sont à ce jour suspendus. Le train en direction de Bordeaux, sensé partir dans une demi heure n’assurera pas son départ, ainsi que… Victor Dresmann eut l’impression qu’un pic de glace venait de pénétrer dans son cerveau. Son désarroi grandissait, au fur et à mesure qu’il assimilait l’information. Il laissa choir sa mallette sur le sol et se prit la tête entre les mains. - Ce n’est pas possible… Et pourtant si. Plusieurs personnes passèrent devant lui en maugréant, vers la sortie. Certaines lui jetèrent un regard circonspect, légèrement compatissant, pensant sûrement qu’il devait partir voir une tante malade. Mais c’était seulement l’ambition qui faisait palpiter les veines de Victor Dresmann. C’était l’ambition qui le faisait défaillir ainsi ; l’ambition et rien d’autre. Quelques minutes passèrent, avant qu’il ne se reprenne. Le regard vide, il baissa machinalement le regard. Et ce qui sautait aux yeux était la disparition de la petite mallette noire. Un rictus d’accablement se dessina sur ses lèvres, et il se dirigea, résigné, vers la sortie.
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Point de vue interne : Allez vite, il ne manquerait plus qu’il soit en retard. Enfin, pour l’instant, il avait trois bons quarts d’heure d’avance, ça suffisait amplement. Inutile de se tracasser. Victor Dresmann réajusta néanmoins son manteau haute couture, autant pour se réchauffer que pour se sentir ferme et résistant. Il regarda brièvement sa montre : 07 : 32. C’était parfait, il apercevait déjà la grande Gare de Lyon. Malgré tout, une certaine appréhension le tenaillait encore. Il resserra machinalement sa prise sur la petite mallette noire. Ce n’était tout de même pas le moment de flancher, se dit-il. Comme pour se donner une certaine contenance, il accéléra l’allure. Le hall était presque complètement vide. Victor ne s’y attarda pas et valida son billet, avant de se mettre à marcher de long en large, en espérant contrôler son anxiété. Il se força malgré tout à ne rien laisser transparaître sur son visage : c’était un homme d’affaire à présent, pas l’un de ses simples employés paniqués à la simple idée d’un licenciement. Il se rengorgea légèrement et sourit presque, jusqu’à voir les trains. Oui les trains. Pour Victor, les trains étaient une crainte continue, il ne pouvait les regarder sans sentir ses yeux se glacer d’effroi. C’était une vieille phobie. Il se força à tourner la tête et se dirigea vers le kiosque à journaux, afin de se détendre un peu. Il acheta le premier tirage qui lui tomba sous la main, et garda la monnaie en main pour s’acheter une canette d’Orangina. Mais le journal n’arrivait pas à le captiver. Il se sentait trembler de la tête aux pieds sans véritablement savoir pourquoi. Ce voyage d’affaire était surtout une chance d’avoir une promotion ! Il ferma un instant les yeux, bien caché derrière son journal. Sa véritable terreur était de connaître un contretemps. Mais ça n’arriverait pas, et ça ne devait pas arriver. Tout était parfait, il n’y avait aucun souci à voir. « La crainte continue du futur businessman » se dit-il avec un sourire. Il termina sa boisson d’une traite, se leva, plia soigneusement son journal et l’abandonna sur son siège. Il se dirigea vers la voiture 27, en serrant sa mallette contre lui, quand les haut-parleurs se manifestèrent. Un doute s’insinua soudain en lui, comme s’il avait cherché la moindre faille dans son apparente assurance. - En raison d’une grève subite, plusieurs trajets sont à ce jour suspendus. Le train en direction de Bordeaux, sensé partir dans une demi heure n’assurera pas son dé… Mais Victor n’entendit pas la suite. Sa mallette tomba sur le sol, et il se saisit la tête entre les mains, appuyant de force ses paumes sur ses paupières brûlantes. Il ne pouvait pas le croire. Son cerveau ne semblait plus répondre, une seule information tournait en boucle dans sa tête. Tous ses rêves d’ambitions, ses précieux projets tombaient à l’eau. Et pourtant, Victor sentit comme une sorte de résignation se répandre en lui. Il n’arrivait pas vraiment à expliquer ce que cela signifiait. En tout cas, même lorsqu’il ouvrit les yeux, un simple rictus de déception se dessina sur son visage lorsqu’il remarqua la disparition de la mallette noire. Comme s’il attendait cela depuis le début. Victor Dresmann tourna les talons.
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point de vue externe :
L’homme marchait, d’un pas plutôt rapide sur le trottoir. Il tenait une petite mallette noire, et semblait préoccupé. Il ne leva la tête qu’en vue de la grande gare de Lyon, avant d’accélérer encore l’allure. Il n’était pas particulièrement excentrique. L’homme d’affaire par excellence, qui savait garder un air hautain même les yeux baissés. Il entra prudemment dans le grand bâtiment, en s’attardant à peine dans le hall encore vide. Mais sur les quais, son comportement changea radicalement. Etrangement déjà, pour un homme de son envergure, il faisait les cent pas. Il jetait également des regards furtifs autour de lui et éviter particulièrement les trains. Il sembla hésiter, puis se dirigea vers le kiosque à journaux, et le distributeur de boissons. Il s’installa sur un banc et se plongea dans sa lecture, ou du moins il tenta. Un spectateur extérieur particulièrement attentif aurait remarqué les tics nerveux de cet homme, ainsi que l’espèce de regard éteint qu’il braquait sur les pages. Il semblait particulièrement concentré, tel l’un de ces patrons d’entreprise en train de réfléchir à la nouvelle publicité innovante qu’il pourrait mettre au point. Mais cet homme semblait particulièrement anxieux, à tel point qu’il perdait presque son air dédaigneux. Un peu plus tard, il émergea de sa torpeur, et se dirigea vers les voitures, malgré une certaine répulsion évidente. On l’aurait presque entendu déglutir. Soudain, les haut-parleurs annoncèrent un message : - En raison d’une grève subite, plusieurs trajets sont à ce jour suspendus. Le train en direction de Bordeaux, sensé partir dans une demi heure n’assurera pas son départ, ainsi que… La réaction de l’homme fut immédiate. Il n’attendit même pas la fin du message, qu’il se prenait la tête entre les mains. Sa mallette tomba à même le sol, sans qu’il ne daigne la ramasser. Il semblait effaré, pensant certainement que ce message était tout simplement inconcevable pour un homme de sa qualité. Certains passants le lorgnèrent en passant, pour se diriger vers la sortie. Il semblait a 2 doigts de défaillir et de tomber à genoux. Il ne remarqua même pas l’homme maigrichon saisissant rapidement la mallette noire, qui avait glissé de quelques mètres. Lorsqu’il sembla enfin se reprendre, il abordait cette même expression effacée, bien que quelque chose semblait avoir changé. Son air était plus… résigné. Il chercha sa mallette du regard, et eut presque un sourire, qui ressemblait davantage à un rictus lorsqu’il remarqua sa disparition. Il tourna les talons au bout de quelques secondes, sans se départir de cette mine ternie.
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Saga Admin
Messages : 140 Ventes Annuelles : 8509 Date d'inscription : 02/10/2009
Biographie Niveau d'écriture: (130/200)
| Sujet: Re: Points de vue. Dim 15 Nov - 20:14 | |
| J'aime beaucoup les trois points de vues, tes rédactions sont très fluides, j'aime énormément. Le texte n'est pas lourd à lire et tout concorde parfaitement. Bref, une super rédaction mais également un très bon exercice d'écriture. Merci de nous avoir fait profiter de ces si beaux textes... | |
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Zibou
Messages : 15 Ventes Annuelles : 5858 Date d'inscription : 04/10/2009 Age : 29
Biographie Niveau d'écriture: (200/200)
| Sujet: Re: Points de vue. Mar 17 Nov - 1:13 | |
| Je suis assez contente, j'ai eu 18 à cette rédaction, y'a deux 15 et tout est bâclé ensuite selon la prof x)
Sinon merci Saga ! Mais je suis loin d'avoir un style parfait, c'est ça qui me désole en collège, les profs sont pas capables de te sortir les points forts et points faibles d'un devoir. | |
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Saga Admin
Messages : 140 Ventes Annuelles : 8509 Date d'inscription : 02/10/2009
Biographie Niveau d'écriture: (130/200)
| Sujet: Re: Points de vue. Mar 17 Nov - 21:01 | |
| Les profs ont toujours des défauts | |
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